Dans notre premier article tiré du webinar sur les données financières et la démarche RSE, nous avons étudié le lien fondamental qui existe entre cette dernière et l’implication de la fonction finance, notamment à travers le rôle du directeur administratif et financier.
En effet, le DAF doit piloter la performance de façon transversale, car il est au cœur de l’écosystème. Ce dernier a accès aux données financières et extra financières, indispensables pour déployer des actions concrètes. Il possède donc une vision globale de la problématique RSE.
Ce sont alors la collecte et l’exploitation de la data qui deviennent stratégiques. C’est ce que nous allons voir dans ce second article qui nous permettra de mieux comprendre la manière d'exploiter les données financières dans une démarche RSE.
La data financière : clé d’une meilleure stratégie RSE
Depuis des années, la donnée est stratégique. Elle l’est pour les départements Sales ou Marketing, mais aussi pour répondre aux enjeux environnementaux en entreprise. C’est elle qui permet de mesurer la performance et fixer des objectifs clairs.
Les données financières et non financières vont en effet permettre de créer des rapports RSE qualitatifs et exploitables. Elle est donc centrale dans le pilotage de la démarche RSE. Cependant, la fonction Finance doit trouver les bons outils pour capter la data, puis la transformer en données exploitables pour l’ensemble des départements.
Collecter sa donnée : la création d’un data Hub Financier
Pour commencer, il faut collecter la donnée grâce aux outils les plus pertinents. Ces derniers vont permettre de donner du sens à la data pour la valoriser.
Or, de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés pour répondre à cette problématique. Notamment, car les outils traditionnels de la fonction finance, tels que les feuilles de calculs, ne sont pas adaptés aux données extra financières nécessaires à la démarche RSE. La lisibilité des données pose ainsi problème et il est important d’ouvrir les spectres de la data collectée.
Il est indispensable d’accéder à des données complètes. Pour répondre à ce besoin, deux axes peuvent être mis en place.
Le premier concerne la formation. Les collaborateurs de la Fonction Finance, les équipes IT, mais plus largement l’ensemble des départements doivent être formés à ces enjeux. Ainsi, la RSE et la compréhension de la data doivent infuser la totalité de l’entreprise.
Le second axe est celui du système. Les outils doivent répondre aux problématiques de ces nouvelles pratiques. Il est en effet nécessaire de collecter, normaliser et centraliser les données. Ensuite, ces dernières doivent être rendues disponibles et intelligibles via la Data Analytics et la Data Visualisation.
À terme, cela permettra de créer un hub de données performant et répondant aux enjeux actuels.
Travailler et valoriser sa Data : vers un rapport RSE actionnable
Toutefois, une fois les données collectées, il faut encore leur donner du sens, car il y a un écart important entre les données financières et les données exploitables pour la RSE. Ces dernières permettront de produire un rapport RSE actionnable qui deviendra alors réellement pertinent.
Toute la difficulté est donc de rendre compréhensibles les données pour agir et piloter son empreinte carbone. Comme le précise Alexandre Torbay de l’entreprise Keewe : “ En finance, on va piloter des budgets en euros. Si on prend le pilier carbone de la RSE, on pilote un budget carbone. La tonne de CO2 équivalent est à la comptabilité carbone, ce que l’euro est à la comptabilité financière.”
Pour cela, trois étapes doivent être suivies :
- L’analyse des process (Identification des process qui peuvent être améliorés)
- L'étude des exigences RSE (L’ensemble des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance)
- Et enfin la sélection des indicateurs
La sélection des indicateurs de performance ou KPIs est fondamentale, car c’est grâce à elle que l’entreprise va pouvoir suivre les progrès de sa stratégie RSE. Les indicateurs les plus pertinents dans ce cadre sont :
- Les émissions de déplacements (voyage d’affaires, transports utilisés, etc.)
- La production (extraction des matières premières et importations)
- Les émissions liées à l’usage du produit par le client
- Les consommables de bureau (papier, archivage, etc.)
Une fois que les indicateurs sont sélectionnés, il est nécessaire d’organiser l’information via des reportings pour valoriser la donnée. En agrégeant différentes données, Jenji propose par exemple une solution de tableau de bord RSE aux entreprises pour leur permettre de piloter finement leurs déplacements professionnels. Ces derniers sont devenus un enjeu incontournable, car en France, plus d’un quart des émissions produites proviennent des transports.
L’approche globale Expense Hub permet ainsi de collecter les données extra financières lorsqu’un collaborateur réalise une dépense financière. De cette manière, lorsqu’un collaborateur numérise ses notes de frais, l’outil capte à la fois les données financières et les données extra financières. Ces derniers peuvent être aussi variés que la localisation de la dépense, le mode de transport utilisé ou la fréquence.
Cette collecte permet de consolider les données et de les rendre exploitables en leur donnant du sens. Celles-ci sont ensuite réunies dans un Dashboard. Ce dernier indique alors clairement les éléments qui occasionnent le plus d’émissions de CO2 et catégorise les données en affichant de manière transparente les vols, le coût de transport, etc.
Ce type d’outil est donc idéal pour allier données financières et extra financières. La data récoltée est alors exploitable et il est possible de calculer des bilans carbone et RSE.
Exploiter sa donnée : l’élaboration de meilleures pratiques
Enfin, une fois la donnée collectée et centralisée, il faut encore la mettre à disposition des décideurs et des collaborateurs. La gouvernance de l’entreprise pourra ainsi prendre des décisions sur les nouvelles pratiques à implanter comme par exemple favoriser les déplacements moins polluants des collaborateurs. Cette data va aussi garantir un pilotage continu de la responsabilité des entreprises, ce qui permettra de s’adapter à tout moment aux nouveaux défis rencontrés et aux nouvelles réglementations.
La première chose à faire est de sensibiliser les équipes aux enjeux de la RSE. Chaque collaborateur doit autant que possible être impliqué individuellement. Pour ce faire, il faut lui faire remonter son empreinte carbone pour qu’il essaie de la réduire.
Cette meilleure compréhension de la performance durable ne va pas sans une formation adéquate. Il est important de prendre le temps d’expliquer en quoi consiste la RSE et comment intégrer concrètement cette démarche au sein des différents départements concernés. Ainsi, ils ne devront plus uniquement se concentrer sur les objectifs de vente, mais aussi prendre en compte la RSE dans l’évaluation de la performance.
Par ailleurs, il faut appliquer des méthodologies et construire sa stratégie RSE pas à pas. Des objectifs doivent être fixés et des échéances précises doivent être mises en place. La data est au cœur du pilotage RSE et doit permettre si elle est bien utilisée d’atteindre des objectifs à 5 ou 10 ans.
A travers différents exemples tels que les déplacements professionnels en entreprise, Jenji et Keewe mettent en lumière les nombreuses améliorations qui peuvent être apportées. En premier lieu, la partie papier peut être digitalisée. Les notes de frais peuvent ainsi être numérisées directement via une photo et validées numériquement. De la même manière, lors d’une prospection commerciale, positionner un rendez-vous l’après-midi au lieu du matin permet à tous les collaborateurs de se rendre ensemble au rendez-vous dans un véhicule partagé.
Des changements opérationnels incontournables
Structurer sa démarche RSE va devenir incontournable pour la croissance des entreprises. En effet, les efforts liés à la réduction des émissions carbone des différents états impactent forcément la manière de gérer une entreprise.
Or, l’Union européenne vise une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport aux émissions de 1990. La France et l’UE visent même la neutralité carbone en 2050. Pour atteindre cet objectif, Alexandre Torbay nous explique qu' “il faut que les émissions de gaz à effet de serre, qu'elles soient naturelles ou liées à l’activité humaine, soient totalement compensées ou qu’elles soient absorbées par les puits de carbone.”
Par conséquent, chaque entreprise va devoir revoir ses process en profondeur. Heureusement, en France, nous pouvons mettre à profit les travaux de l’ADEME (Agence de la transition écologique) qui a constitué une importante base de données nommée Base Carbone. Les empreintes carbone de différents produits physiques, services ou transports y sont recensées. Il est donc possible de mettre en rapport les données récoltées par le gouvernement avec celles de l’entreprise pour évaluer les émissions de CO2 de chaque département et déployer les actions idoines.
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